C'est à travers une lettre adressée de Jeanne Duval à la mère de Charles Baudelaire qu'Yslaire présente la vie de l'auteur des "Fleurs du mal".

Le lecteur y découvre le poète, le fils et l'amant, dans une vie peuplée de rêves, de cauchemars, de détresse, d'ivresse, de drogue. Une vie toujours en équilibre sur un fil : amateur d'art, ami des artistes de son temps, dandy, "flambeur", révolutionnaire :  il dilapide la fortune héritée de son père, vit cet amour-haine avec sa Vénus noire, dont l'identité n'est pas réellement reconnue et qui a inspiré ses plus célèbres poèmes.

Yslaire s'est documenté et il excelle dans la narration (complétée par un tableau récapitulatif en fin d'ouvrage). Certaines scènes dessinées sont crues, comme l'a été la relation de Charles et de sa muse. J'ai apprécié le choix des couleurs "sepia" d'autant que l'histoire introduit également l'art photographique de Louis Ménard, compagnon de guindaille de Baudelaire. Il n'y a que peu de touches colorées destinées à renforcer des points cruciaux de la narration.

Cet ouvrage, fruit également d'une recherche graphique remarquable, est beau. Cependant il est destiné avant tout à un public averti et intéressé par la vie de ce poète du XIXè siècle, atteint très jeune de vérole et de syphillis, continuellement en situation de souffrance et mort dans un extrême dénuement.