Sans le bandeau publicitaire, la couverture est juste magnifique. Elle invite le curieux à ouvrir le livre et à entrer dans le domaine qu'Alvaro a transmis à son mari. La description des jardins invite à respirer la nature. Celle du domaine (la demeure et ses dépendances) est tellement réaliste que le lecteur n'éprouve aucune difficulté à imaginer les lieux. Mieux, elle donne envie de se rendre en Galice pour aller y découvrir ses paysages, déambuler dans les vignobles ou paresser dans une barque à fond plat sur un des cours d'eau.

L'intrigue est solide et D. Redondo ne sème que de rares indices auxquels il faut être très attentif pour découvrir la vérité. L'addiction au roman s'en retrouve renforcée. Le lecteur découvre un système de castes dépeint avec beaucoup de réalité : la soumission silencieuse d'un peuple face à des aristocrates à qui tout est permis et "pardonné" depuis des générations. Mais Manuel et Nogueira, policier récemment retraité, vont renverser cette hiérarchie dans l'enquête menée pour prouver l'innocence de ceux qu'ils défendent. De très sordides histoires anciennes, qui gâchent la vie de plusieurs protagonistes, seront mises à jour. Certains s'en trouvent libérés (Elisa); d'autres ne s'en remettront pas. Le récit est parfois "cruel". L'éducation et l'absence d'amour parental sont autant de racines au mal être des personnages. Mais tout n'est pas noir dans ce roman, et loin de là. L'espoir est un fil ténu auquel plusieurs se raccrochent et pour eux, la fin sera heureuse.

J'ai apprécié de nouveau ce livre de la romancière espagnole. Elle y insère moins (beaucoup moins) de croyances ou superstitions que dans la trilogie de Baztan, mais elle invite au voyage dans cette région dont elle est originaire. Ses personnages gardent ce caractère habituel bien trempé, sans être cliché. C'est donc avec enthousiasme que je vous le recommande...